Botswana 2011: Le parcours du Cameroon



L’Afrique une fois de plus n’a pas pu sortir la tête de l’eau dans ce rendez-vous mondial universitaire à Gaborone. Aucune équipe africaine n’a dépassé les éliminatoires. Ni l’Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe, le Nigeria, l’Uganda, le Rwanda ou le Cameroun. Le Cameroun, ayant présenté deux équipes, CAMEROON A et CAMEROON B, constituée par les étudiants de l’université championne du tournoi national 2010 : l’université de Dschang.
CAMEROON A était formé de YANKAM Maxime et de BINYOU-BI-HOMB Marius Yannick, respectivement étudiants de Master II à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques et à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. Malgré leur déterminisme et leur grand courage, ils ont engrangé au final 4 points terminant presqu’au bas de l’échelle au classement général par équipe. Comment a-t-on pu arriver là ?
Personne n’y avait cru
Des candidats sélectionnés pour représenter notre pays au Botswana, aucun n’a cru en la véracité du projet. C’était une chimère. Dans un premier temps, c’est la toute première équipe camerounaise et l’une des premières d’Afrique francophone (avec le Rwanda) à participer au World Universities Debating Championship. C’était un projet nouveau et personne n’y avait cru, excepté le coordinateur national, Jules Ferry Fiatam. Etant donné que la sortie pour la compétition panafricaine en Namibie avait avorté. Avec le soutien d e l’Université de Dschang, ayant financé à hauteur de 225 000 francs les frais de visa des champions au débat national, grâce à l’action médiatrice du RESID pour trouver un sponsorship afin de financer  les billets d’avion des CAMEROON A & B, ce n’est qu’à quelques jours de la compétition que confirmation a été faite du déplacement pour le Botswana. Il fallait donc tout précipiter car les candidat sélectionnés au départ ( Fofe Joachim et Ngaketcha Njafang Armand) n’ont pas vu leurs passeports délivrés dans les délais. Ce, sans compter le refus fatal de BETGA Ordy de faire part de la délégation. Le désordre c’est installé.
Un manque de préparation et de cohésion criard
Généralement, contrairement aux pays européens, américains, australiens voire asiatiques où le débat en tant que sport existe depuis  plus d’un siècle (le cas des USA), où des instituts de débat sont soutenus, encouragés, les championnats nationaux et locaux médiatisés à grande échelle et les champions  en débat encouragés via des prix et des bourses scolaires, le débat éducatif et sportif au Cameroun est encore embryonnaire. Un an d’existence-partant du premier tournoi national en août 2010 à Buea. Une jeunesse amorphe, engloutie dans les activités peu commodes.
Spécifiquement, que ce soit avec le CAMEROON A ou B, le format de débat utilisé pour la compétition, British Parliamentary Debating format, leur était inconnu. Or, les américains, les australiens etc… s’y exercent depuis l’école maternelle. Les équipes camerounaises, novices en la matière, avaient donc à faire à des adversaires endurcis et expérimentés. Pire, aucun anglophone dans la délégation camerounaise alors que la compétition est en anglais. D’où le résultat frustrant.
L’échec cuisant
Le calvaire du CAMEROON A a duré trois jours, période nécessaire pour que  les 9 rounds du tour préliminaire soient achevés ; chaque jour donnant lieu à trois rounds. La langue n’a pas été un problème puisque le jury n’en tenait rigueur. Et  le champ de compétition étant divisé en trois catégories : English as Foreign Language (EFL), English as Second Language (ESL) à laquelle le Cameroun s’est fait enregistrée, et English as First Language.
Le premier round: ‘‘The national supporting team should reflect the national diversity of the population’’ à eu lieu à la salle 134 du White building à 10h du matin (heure locale). Nous devions jouer le rôle du closing opposition, derrière le oppening opposition (San Francisco). Il fallait contrecarrer les attaques de l’oppening Government (Swarthmore) et du closing Government (Calabar Nigeria). Résultats : Nous sommes derniers avec 0 points. La résolution du jury (Dino de Leon : juge principal) est sans contestation de notre part.
“This House believes that all countries should have the Right to possess nuclear weapon”.  (Pink 153) Telle a été le second thème de débat tout juste après le déjeuner. Nous devons jouer le oppening government (OG) cette fois-ci. La décision du jury ne nous a pas enchantés. Nous occupons encore la dernière place avec 0 points. Puisque d’après le système de notation, l’équipe sui sort première amasse 3 points, la deuxième, 2 points, la troisième 1 point et la quatrième 0 point.
Le troisième round, celui de 20 heures, nous a permis de débattre dans une position favorable (oppening opposition) à la White 037 sur le thème : ‘‘This House believes that Governments should not provide benefits on the basis of marital status’’. Nous ne parvenons qu’à obtenir 1 point pourtant on avait la certitude d’en obtenir au moins 02.  Une fois de plus la décision du jury ne nous plaît pas.
Si la première journée est frustrante, le lendemain, nous revenons avec beaucoup plus d’espoir mais en vain. Il n’y a que la décision du premier jury-nous avons la dernière place en OG-…. sur la motion : ‘‘THB Independent central banks should set limits on Government Spending’’. Les équipes de L’Uganda, de l’Inde et du Botswana occupent respectivement la première, deuxième et troisième place.
Au round 5(O.Opp) : ‘‘ This House would prioritize Asylium Seekers who have engaged in armed struggle against oppressive Regimes”. Une fois de plus a décision de Mohammad Famin Rahmzad nous est décevante. Nous occupons la 3ème place or les sommets nous étaient destinés. La paire de filles représentant le Botswana se plaint  amèrement.
Le sixième round (C. G): “This House would deny Teacher’s Union the Right to strike”. Nous sommes face à l’équipe B du Nigeria que nous avons rencontré au premier tour. Scott Roston est juge principal. La Jamaïque joue le rôle du O.G et rafle la vedette à l’équipe B du Botswana(O.Opp). Quand à nous, nous occupons la dernière place derrière le Nigeria (C.Opp). La décision du jury est plus ou moins satisfaisante.
Vendredi 31 décembre 2010, dernière journée des éliminatoires. Trois rounds restent à disputer. Nous n’avons que 2 points sur les deux premières journées. La dernière journée ne nous apportera plus que 2 points. Tour à tour nous avons passé au crible du débat structuré les motions suivantes : « TH would require individuals to reveal their actual identity when communicating on internet », « Southern African Development Community (SADC) should pursue political Union », “ THB believes that social movements should use the courts rather the legislature to advance social change”.
Au terme de ce tournoi nous occupons la 313ème  place avec 4 points, trois rangs au dessus du bon dernier,  comparé au CAMEROON B qui nous devance de 28 rangs au moins et occupe la 286ème  place avec 8 points. Mais en classement individuel, le CAMEROON A vient en tête : Binyou occupe sur près de 1300 débatteurs,  la 444ème place avec 659 points, Yankam (la 620ème place avec 574 points), Nguena du CAMEROON B (564 points) la 621ème place. Son coéquipier de l’Afrique du Sud, puisqu’étant  débatteur indépendant, n’a pas figuré sur le classement.
  Voilà donc comment, comme toutes les autres équipes africaines, nous n’avons pas dépassé le premier tour. Ceci trouve sa raison non pas dans le manque d’impartialité du jury comme l’a souligné plusieurs débatteurs africains mais beaucoup plus dans la préparation, la formation, le suivi et le soutien des équipes africaines, le renforcement et l’encouragement de nos championnats nationaux de débat. Si ces paramètres sont observés l’an prochain l’équipe camerounaise pourra faire la différence au championnat mondial prévu aux Philippines.
Plus amples infos sur le site : www.worlddebating.blogspot.com
Marius Yannick Binyou-Bi-Homb
Université de Dschang-Cameroun

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