Séjour du Botswana, pays hôte du WUDC 2011


Le mirage sur l’Afrique australe est si erroné qu’en entendre parler, nombreux sont ceux qui ne la résument qu’à  l’Afrique du Sud. Pourtant autour de l’Afrique du Sud, il existe des pays comme le Botswana qui s’érigent en exemples d’émergence comme le Kenya  en Afrique de l’Est.

 
Un Etat en plein essor
Le 28 décembre 2010 à 10h 15 (heure locale) nous arrivons à l’aéroport de Gaborone via le grand Boeing de Kenya Airways, après avoir passé 45 minutes à Malabo, plus de 24h au kenya (Jomo Kenyata Airport) et 45 autres minutes à Harare. Nous, l’équipe camerounaise, accusons un jour de retard au Championnat mondial universitaire de débat. On se rend bien à l’évidence que se mouvoir à l’intérieur de l’Afrique est plus long et pénible que quitter l’Afrique du Sud pour la Russie, les USA, Le royaume Uni ou la France. La mondialisation ne reconnaît pas notre continent ; puisqu’un vol direct Cameroun-Botswana, ça n’existe pas. A qui la faute ? La preuve en est que le Botswana n’a pas de représentation diplomatique au Cameroun et vis-versa.
L’aspect pittoresque de ce pays en plein essor nous a fait oublier les tracasseries du voyage et l’esprit somnambule qui embobine les mentalités au pays. Certes pour plusieurs étrangers, Botswana signifie pandémie du siècle. Mais il ne faudra pas oublier que le pays de Ian Khama avec une superficie de 581 730 km2 a une population très faible : près de 2 millions d’habitants. Gaborone (la capitale) et Francistown  représentent les villes-éclairs du pays. L’anglais, langue officielle, n’empêche pas la maîtrise par les populations des langues locales coiffée par le Setswana.
Cette jeunesse enchantée qui constitue le poumon démographique de ce pays n’a pas tari de nous adresser des « dumelah rra » (hallo en référence à un homme) ou « dumela mma » (hallo en référence à une femme) au passage ou à l’arrivée. Les voies de communication répondant aux normes internatonationales : routes ultra-propres, bien entretenues, feu de signalisation à chaque 1km, maisons au même plan, parfois aux mêmes couleurs mais surtout sur la même ligne. Preuve, que le classement du Botswana en 3ème place en matière de bonne gouvernance par le journal The East African, contrairement au Cameroun qui figure en 46ème position sur les 53 pays du continent, n’est pas un leurre. Et nous n’étions qu’à l’aube de nos surprises lorsqu’on sait que le Botswana, désert dompté par l’intelligentsia Sotswana,  tire son développement en grande partie de l’élevage bovin.
  
La clé : L’Investissement dans l’Education
Lorsque le grand bus qui nous a conduites de l’aéroport de Gaborone pour l’Université du Botswana arrive à destination aux environs de 15h00, nous (les équipes rwandaises, bangladaises, nigérianes, camerounaises) sommes époustouflées. Nul ne pouvait imaginer qu’en Afrique, il existe également des merveilles infrastructurelles dans le secteur de l’éducation.
Logement universitaire
Ce n’est pas une exagération que d’affirmer que l’édifice a l’air d’un palais présidentiel ! Une fois de plus, le système anglo-saxon donne des leçons aux francophones : Parking pour étudiants, édifices ultra-gigantesques (Red, Pink, Yellow, White Buildings etc…), salle de conférence avec une capacité d’accueil de plus de 2000 places, salles de classes répondant à la norme internationale (caméras de surveillance, vidéoprojecteurs, climatiseur, portes digitales, tableau blancs…) sans oublier les toilettes ultra-modernes, bien entretenues, au parfum lubrifiant, des séchoirs électroniques et chasse-eau lasers ou automatiques. C’est pas tout, les restaurants ne dégagent pas l’odeur de ferme mais exhalent un parfum on ne peut plus céleste. Il n’y a pas que les restaurants. Il est également des piscines olympiques, des stades et halls olympiques près à accueillir toute sorte de sport ou d’activité culturelle. D’ailleurs, l’Université ne se lasse pas d’élever des édifices comme le stade de football en construction même si d’aucuns se sont plaint qu’il est construit par les chinois.

Piscine olympique au sein du campus
Si l’on fait un virement de la vue externe vers la vue interne, les chambres ne font pas que répondre à la norme. A ne s’en tenir qu’au Las Vegas building, centre de référence  en matière d’hébergement au campus où nous avons passé notre séjour d’une semaine. Des chambres connectées à haut débit internet 24h/24, pas de coupure électrique, des baignoires et des salles de bain qui éclairent le décor. Au bas dans la grande cour, une très grande salle de récréation et de jeux (tennis de table, échecs, baby-foot…) Et même dans la salle de jeu, il y a des toilettes ! A vouloir narrer on ne pourra en finir. Mais le gouvernement de Ian Khama ne fait pas qu’investir sur le matériel, l’homme est la première ressource.

Limitons-nous à l’éducation. Lors d’un entretien de mes camarades et moi avec la très sympathisante volontaire Korrata pour le Botswana Worlds 2011, elle nous livre une phrase qui va s’accrocher à notre cœur et gangréner notre cerveau : « Ici au pays, l’état encourage les étudiants en finançant leurs études via des bourses ou des prêts qu’il rembourseront dès qu’ils ont un emploi » Raison pour laquelle le niveau de vie estudiantin dans ce pays est très élevé ! Nul doute que la population estudiantine là-bas n’avoisine  que les 15 milles. Mais voilà des raisons assez poignantes qui font de l’Université du Botswana une référence en matière d’éducation. Les jeunes n’ont rien à envier aux universités occidentales, le désir de partir au lieu d’être cuisant comme dans moult pays d’Afrique francophone, se transforme en désir de rester. Pour eux, le Botswana est leur eldorado. Un esprit patriotique ne souffrant d’aucune comparaison comme le souligne le refrain de l’hymne national : 



Tsogang, tsogang ! banna, tsogang !   
Emang, basadi, emang, tlhagafalang!
Re kopaneleng go direla
Lefatshe la rona
Ina lentle la tumo […]

Awake, awake, O men, awake!
And women close beside them stand
Together we’ll work and serve
This land, this happy land!
Word of beauty and of fame

Voilà pourquoi ils ont pu héberger au sein d'une seule université  près de 1500 jeunes venus de part le monde, chacun dans sa chambre. C’est parce qu’ils s’y sont préparés. Ils y ont cru. Ils veulent le progrès. Le souci de transparence dans la gestion des ressources les habitent.

En définitive, le Botswana, avec une population mixte [noire et blanche (minorité)], se veut une référence africaine, malgré son taux élevé de SIDA vue l’influence de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe, malgré sa forte vulnérabilité face aux OGM qui se révèlera un danger sanitaire en cette ère où l’homme cherche de plus en plus à se conformer aux lois de la nature et de l’environnement.

Marius Yannick Binyou-Bi-Homb
Université de Dschang-Cameroun

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