Un débat a été organisé vendredi dernier à l’université de Yaoundé I. Pr Jacques Fame Ndongo, Pr Ntuda Ebode, Pr Rachelle Bidja, Dr Mabou Mabou, signataires, étaient face à Dr Mathias Eric Owona Nguini, Pr Claude Abé et Xavier Messe, non-signataires.
Le 8 avril 2011, 988 enseignants des universités d’Etat du Cameroun signent une motion de « déférente et profonde gratitude des enseignants- chercheurs des universités d’Etat du Cameroun à Son Excellence Paul Biya, président de la République du Cameroun, chef de l’Etat». Indignation de l’opinion publique. Coup de tonnerre dans le milieu universitaire. « C’était certainement la motion de trop après celles de janvier 2004 et juillet 2010 », nous a confié un universitaire.
Alain Fogué, enseignant à l’université de Yaoundé I, responsable du Centre d’études stratégiques pour la paix et le développement, décide d’organiser un débat public à l’université sur le thème : « De la motion de soutien des enseignants – chercheurs des universités d’Etat au président Paul Biya ». Il invite le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo à y prendre part. Le 18 avril, à l’occasion de la présentation du quatrième volume de « L’Appel du peuple » à l’hôtel Hilton, Fame Ndongo lance, depuis le pupitre : « J’irai à ce débat ». Effectivement, il y a pris part.
Le débat a eu lieu vendredi 30 avril dernier à l’amphi 700 de l’université de Yaoundé I. Un amphi plein à craquer. Un public surchauffé et des débatteurs gonflés à bloc. Tous les ingrédients réunis pour une bataille « romaine ». A la modération, Innocent Futcha, du Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes).
Signataires et non-signataires
Dans l’arène, pour les enseignants non signataires, le Dr Mathias Eric Owona Nguini, politologue ; le Pr Claude Abé, sociopolitiste et Xavier Messe, enseignant à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication(Esstic). Face à eux, le Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur ; Pr Joseph Vincent Ntuda Ebodé, politologue ; le Dr Mabou, enseignant à l’Esstic et le Pr Rachelle Bidja, enseignante à l’université de Douala.
C’est le Pr Claude Abé qui prend la parole en premier. Très vite, il parle de « trahison de la science ». Cri des étudiants dans l’amphi. Pour le chercheur, la responsabilité sociale de l’universitaire n’est pas de produire un « travail de salon. C’est un producteur de savoir ». Il ajoute que, « l’universitaire sert de phare à la société et non l’inverse ».
Vient ensuite Owona Nguini. Dans un ton plus agressif que son prédécesseur, il affirme : « Le gouvernement perpétuel, c’est le grand problème de l’Afrique. Il n’y a rien de politique dans les motions de soutien ». Fame Ndongo sourit, Ntuda Ebodé secoue la tête et les étudiants, majoritaires dans la salle, applaudissent. Il poursuit : « Avec nos références, Mongo Beti, Jean Marc Ela et autre), on ne peut pas signer les motions de soutien ».
Signataires et non-signataires
Dans l’arène, pour les enseignants non signataires, le Dr Mathias Eric Owona Nguini, politologue ; le Pr Claude Abé, sociopolitiste et Xavier Messe, enseignant à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication(Esstic). Face à eux, le Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur ; Pr Joseph Vincent Ntuda Ebodé, politologue ; le Dr Mabou, enseignant à l’Esstic et le Pr Rachelle Bidja, enseignante à l’université de Douala.
C’est le Pr Claude Abé qui prend la parole en premier. Très vite, il parle de « trahison de la science ». Cri des étudiants dans l’amphi. Pour le chercheur, la responsabilité sociale de l’universitaire n’est pas de produire un « travail de salon. C’est un producteur de savoir ». Il ajoute que, « l’universitaire sert de phare à la société et non l’inverse ».
Vient ensuite Owona Nguini. Dans un ton plus agressif que son prédécesseur, il affirme : « Le gouvernement perpétuel, c’est le grand problème de l’Afrique. Il n’y a rien de politique dans les motions de soutien ». Fame Ndongo sourit, Ntuda Ebodé secoue la tête et les étudiants, majoritaires dans la salle, applaudissent. Il poursuit : « Avec nos références, Mongo Beti, Jean Marc Ela et autre), on ne peut pas signer les motions de soutien ».
Fame Ndongo, lui, veut saisir cette occasion pour réaffirmer son soutien à Paul Biya. Avant de s’avancer au pupitre, il retire sa veste, arrange sa cravate et donne un sourire à Ntuda Ebodé. Il tient tout d’abord à rappeler que c’est parce que « le Cameroun est un Etat de droit » que le débat peut se tenir. « Considérer que ceux qui ont signé les motions de soutien n’ont pas assez réfléchi, c’est de l’infantilisation », affirme Jacques Fame Ndongo. « L’universitaire a le droit de soutenir un homme politique, non ès qualité, mais intuiti personae ». Il prend pour exemple André Malraux et Jean-Jacques Rousseau.
Ntuda Ebodé, quant à lui, est clair. Pour l’universitaire, la signature d’une motion de soutien « c’est un comportement rationnel. Ne pas prendre position, c’est prendre position ».
Fame Ndongo en colère
Les débats évoluent en toute convivialité. Seuls les cris étudiants sèment parfois le trouble dans la salle. La parole est donnée à Xavier Messe, le rédacteur en chef du quotidien Mutations, dernier intervenant des non-signataires. Sur un ton calme, mais engagé, il affirme ouvertement son opposition aux signataires des motions de soutien. Pour Xavier Messe, les motions de soutien relèvent de la « manipulation, d’un engagement de contrainte ». Il continue : « Les proches du chef de l’Etat, qui signent ces motions, sont en mal de légitimité politique ». Acclamations du public. « Ne pouvant apporter aucun capital de sympathie au président de la République, ils ont donc recours à cette méthode pour attirer son attention ». Puis, il ajoute : « Au point où, certains ont même affirmé qu’ils étaient des créatures, des esclaves de Paul Biya ». Les étudiants jubilent.
Xavier Messe fait ainsi allusion à une déclaration faite par le ministre de l’Enseignement supérieur, qui affirmait dans une interview au courant de l’année 2010, que « tous ce que nous faisons, nous le faisons au nom de Paul Biya, nous sommes ses créatures, mieux, ses esclaves».
Ntuda Ebodé, quant à lui, est clair. Pour l’universitaire, la signature d’une motion de soutien « c’est un comportement rationnel. Ne pas prendre position, c’est prendre position ».
Fame Ndongo en colère
Les débats évoluent en toute convivialité. Seuls les cris étudiants sèment parfois le trouble dans la salle. La parole est donnée à Xavier Messe, le rédacteur en chef du quotidien Mutations, dernier intervenant des non-signataires. Sur un ton calme, mais engagé, il affirme ouvertement son opposition aux signataires des motions de soutien. Pour Xavier Messe, les motions de soutien relèvent de la « manipulation, d’un engagement de contrainte ». Il continue : « Les proches du chef de l’Etat, qui signent ces motions, sont en mal de légitimité politique ». Acclamations du public. « Ne pouvant apporter aucun capital de sympathie au président de la République, ils ont donc recours à cette méthode pour attirer son attention ». Puis, il ajoute : « Au point où, certains ont même affirmé qu’ils étaient des créatures, des esclaves de Paul Biya ». Les étudiants jubilent.
Xavier Messe fait ainsi allusion à une déclaration faite par le ministre de l’Enseignement supérieur, qui affirmait dans une interview au courant de l’année 2010, que « tous ce que nous faisons, nous le faisons au nom de Paul Biya, nous sommes ses créatures, mieux, ses esclaves».
Fame Ndongo ne tolère pas. Courroucé, il se lève et gronde : « Nous n’allons pas nous faire rouler dans la boue ici. C’est inacceptable », proteste-t-il. Désordre dans l’amphi. Les étudiants ne cachent pas leur joie face à la colère du ministre ; les enseignants signataires s’agitent, mais restent impuissants. Le ministre exige des excuses. Le camp des non-signataires s’en offusque. Claude Abé et Alain Fogué interviennent alors pour rassurer le ministre. Les débats reprennent.
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